Personnages célèbres

Louis François de Carondelet est né au Château de Thumeries le 29 avril 1753. Il est le second fils de Féry Antoine de Carondelet, lequel a épousé en secondes noces dame Marie Louise de Parisot qui lui donna en outre 4 filles. Selon l’usage fréquent dans la noblesse d’ancien régime, le cadet est souvent destiné à la vocation militaire ou à la prêtrise.

Louis François adopta successivement les deux carrières : Il entra d’abord dans les gardes wallonnes puis dans le régiment des chevaux légers de la garde de Louis XVI, deux régiment prestigieux. Il les quitta ensuite pour entrer dans les ordres en 1782. Devenu chanoine du chapitre de Seclin, il fut choisi comme Prévôt, par lettre royale du 2 avril 1786. Sa nomination, acceptée par le chapitre le 27 mai fut effective à partir du 5 juin de la même année.

Le député

En 1789, pour la réunion des Etats généraux du royaume convoqués à Versailles, chaque ordre a élu des représentants. Monsieur de Carondelet est élu député du clergé du bailliage de Lille. En fait, notre thumerisien n’était que suppléant. Le titulaire, Martin François Dupont, curé de Tourcoing, adversaire de la révolution ayant été pris à parti par le peuple à cause d’un discours contre les assignats, fut contraint de démissionner le 29 septembre 1789. Monsieur de Carondelet a donc pris le chemin de Versailles, après le 30 septembre 1789.

Dans la tourmente révolutionnaire 

Arrêté le 3 ventôse de l’an II (21 février 1794), il est emprisonné d’abord à Douai puis à Compiègne sur l’ordre du Général Osten en vertu des mesures générales contre les nobles.
Il abandonne la cléricature le 25 mars de la même année et fait appel, pour plaider sa cause, au comité de Seclin.

La retraite

Héritier de la famille depuis le décès de son frère aîné, Ferry Louis Joseph, en 1759 et de son père en 1774, il assure sa subsistance en vendant des terres et le château.
C’est le 9 vendémiaire de l’an III (5 décembre 1794) qu’il vend sa propriété à un négociant de Lille, Philippe Joseph Colle, ne gardant pour lui qu’une ferme.

Il se maria avec Louïse Jeannelle et eu une nombreuse postérité.

Après la mort de sa femme, en 1800, il se retira à Sceaux près de Paris mais c’est à Thumeries qu’il mourut à l’âge de 80 ans le 26 mars 1833.

L’empreinte laissée par Ferdinand Béghin sur Thumeries

Le mois d’avril 1994 a été marqué par le décès d’un des plus illustres citoyens, M. Ferdinand Béghin, qui s’est éteint à l’âge de 92 ans à Fribourg en Suisse. Thumerisien d’origine, il a marqué comme ses parents la vie et le développement de notre village.

Il suffit de sillonner les rues pour se rendre compte de l’empreinte laissée par cette famille, cité Henri Béghin, stade et salle de sports Ferdinand Béghin, mais surtout l’usine, « Son usine » comme aimait à l’appeler Monsieur Ferdinand, principal source d’emploi et de richesse de notre commune.

Fils dHenri Béghin, industriel sucrier, et de Louïse Sophie Legrand, Ferdinand est né le 21 janvier 1902 au domicile familial. Enfant jugé trop faible par ses parents pour fréquenter l’internat, son éducation lui sera donnée à domicile par un jeune précepteur. Fin 1914, il entre au collège de Gerson alors que la première guerre mondiale fait rage. Les bombardements, l’abandon du château, la mort des proches mais aussi le défilé du 14 juillet 1919 l’ont marqué profondément. Il poursuit ses études à Paris, au lycée Janson de Sailly, obtient son bac et suit les cours de préparation à l’institut agronomique. Il n’obtiendra pas de diplôme car son père le rappelle avant la fin de ses études pour le seconder dans la direction de l’usine.

Ferdinand Béghin : fils de patron

Fils de patron, il ne bénéficie pourtant d’aucun passe-droit et travaille à tous les postes comme un ouvrier, ce qui lui donnera une parfaite connaissance du métier. Il fit aussi quelques voyages à l’étranger afin d’étudier de nouvelles techniques sucrières. Au fil des ans, la firme s’agrandit et compte, en 1939, dix unités : Beauchamp, Marquillies, Corbehem, Caudry, Courrières, Arras, Trézonne, Longueil Ste Marie, l’Abeille, en plus de l’usine mère, Thumeries, fondée en 1821 par Joseph Coget.

En 1895, une raffinerie lui avait été adjointe. 3 ans plus tard était fondée la société en nom collectif Ferdinand Béghin (nom du grand-père) par Henri Béghin, son père, et Joseph Béghin, son oncle.

La production pendant et après la guerre

La petite unité qui travaillait 2000 tonnes en 1821, passait à 60 000 tonnes en 1900 et 150 000 en 1939. Pour permettre ces progrès, des transformations de bâtiments, de matériels et de lourds investissements sont effectués tous les ans. Bombardée en 1914, la production doit s’arrêter pour ne reprendre qu’en 1921 après une reconstruction presque totale de l’usine. Elle passe de 2300 tonnes de betteraves par jour à 3050 tonnes en 1933. La seconde guerre mondiale vient à nouveau briser cet élan. Endommagée et occupée par les troupes allemandes, l’usine se voit contrainte de diminuer sa production.

Après la guerre, le monde des affaires l’attend à nouveau. Il est maintenant seul à la tête des sucreries et raffineries. Il les modernise et en achète d’autres. Leader du sucre français, il en devient l’empereur en 1973 lors de l’absorption du groupe Say qui lui apporte 9 sucreries, 2 distilleries et 5 raffineries.

Sucrier exceptionnel, il ne se cantonna pas seulement dans ce secteur d’activité. Il dirige et améliore constamment tant en qualité qu’en quantité la production de la cartonnerie créée par son père pour fabriquer les emballages de sucre. Très vite, une papeterie lui est adjointe et on passe rapidement de quelques tonnes à 600 000 tonnes en 1990.

Ferdinand Béghin se tourne vers d’autre secteur

une compagnie de cartons et de papier voit le jour au Maroc ainsi que la calaisienne des pâtes à papier et la papeterie de Kaysersberg en Alsace. Des tonnes de papier sortent chaque jour des usines. Or, le meilleur moyen de les écouler est de s’installer dans la presse, grosse consommatrice de papier. C’est chose faite lors de l’association avec la famille Prouvost, propriétaire de deux journaux : Paris-Midi et Paris-Soir auxquels s’ajoutent en 1930 l’Intransigeant, et, en 1950, le Figaro.

Viendront ensuite les produits d’hygiène (Vania, Lotus…). Du sucre au papier, en passant par les produits hygiéniques, belle palette pour cet industriel pour qui la diversification fut un atout majeur et la raison de sa force. Il était aussi apprécié pour son savoir-faire. Du matin au soir dans son usine, 7 jours sur 7, il aimait regarder la fabrication de « son sucre« . En cas d’incident, il se rendait sur place et aidait à la tâche. De caractère impatient et exigeant avec ses ouvriers, il demandait le maximum à ses collaborateurs. Sa connaissance parfaite du métier forçait l’admiration et le respect de tous.

Présentation

Nous présentons dans une autre page un thumerisien célèbre dans le monde du cinéma : Louis Malle. Mais à Thumeries, et en particulier chez les anciens qui l’ont connu, on n’apprécie pas toujours ses propos peu amènes concernant le village ou certains comportements qui choquaient sa maman. Cette dernière par contre fait l’unanimité des éloges de ceux qui l’ont connue.

Françoise Malle est née en 1900. Elle est la fille d’Henri Béghin (1873-1944) et le frère du célèbre Ferdinand Béghin.

Elle épouse en 1921 un officier de marine, Pierre Malle. Henri, son père, fera construire pour eux une belle demeure à côté de sa propriété. On l’appelle encore de nos jours, le « château Malle». Ils auront plusieurs enfants (7), Simone, Solange (la future Madame De Nervo), Jean François, Bernard, Louis (le cinéaste), Catherine et Vincent.
En 1947, aux élections municipales, son frère, blessé par son échec de 1945, ne se présente pas. Elle soutient la liste présentée par Maurice Scache. Elue adjoint au Maire elle participera à la vie communale sous les divers mandats de M Scache et ensuite de Noël Lagache.

La générosité de Françoise Malle 

La population retient d’elle ses actions en faveur des enfants, des malades, des associations locales.
Elle donnait beaucoup de temps et beaucoup d’elle-même au bureau d’aide sociale. Elle participait aux consultations de nourrissons, aux séances de vaccination, à la remise de layettes aux nouveaux nés.

Elle avait aussi le souci de l’éducation des jeunes filles, fondant avec sa famille une école technique privée, l’école du Pévèle, qu’elle soutiendra toute sa vie. Cette action éducative lui vaudra d’ailleurs les palmes académiques, distinction généralement réservée aux membres de l’enseignement !

Elle visitait aussi les malades personnellement et certaines familles profitaient de sa générosité pour obtenir de la viande ou du lait.

Les sociétés locales n’échappaient pas à sa sollicitude : elle tenait à organiser elle-même la fête des mères et la fête du travail. Les anciens évoquent encore avec nostalgie le banquet du 1er mai qu’elle supervisait. Elle soutenait aussi l’avant-garde veillant à l’équilibre des comptes. Je me souviens de certains déficits comblés en une nuit la veille de l’Ascension, grâce à la discrète intervention de la bienfaitrice !

C’est vraiment une grande dame, dévouée et généreuse, dont M Lagache, maire de 1971 à 1989, fit l’éloge à son décès et voulut perpétuer son souvenir en donnant son nom à la salle des fêtes devenue le centre de loisirs Françoise Malle.

Henri Coget est né en 1818. Son grand père n’est autre que JeanBaptiste Joseph Coget arpenteur , qui fut le premier maire de Thumeries en 1790 quand l’assemblée constituante ait créé les nouvelles municipalités. [Henri Coget.jpg]

Son père Joseph (17721827) et son oncle Alexandre (17741840) furent les premiers sucriers de Thumeries. Il fait donc partie , avec son frère Joseph (1806-1886) et sa sœur Henriette (1807-1842) de la seconde génération de sucriers. Mais célibataire comme son frère il n’eut pas d’héritier et l’entreprise passa tout naturellement aux Béghin par le mariage de leur sœur Henriette.

Henri Coget bienfaiteur de la commune

En 1895 il est conseiller municipal. Son neveu Ferdinand Béghin , maire est indisponible. C’est son premier adjoint , Jean Baptiste Denneulin qui préside l’assemblée. Nous apprenons que :
« M Henri Coget, propriétaire à Thumeries offre généreusement à la commune un terrain de 31 ares 31 centiares afin d’y établir le nouveau cimetière à la condition qu’un espace de 4 m2 sera réservé à la famille Carpentier ancien propriétaire du terrain.

Cette première donation faite de son vivant est complétée trois ans après par un legs posthume Il est mort le 19 février 1898 et le 24 août qui suit le maire donne lecture à l’Assemblée : On retrouve jusqu’à la guerre de 1914 des délibérations concernant l’attribution aux thumerisiens nécessiteux du legs Coget.

Le 2 octobre 1898 le conseil municipal décide que le portrait de M Henri Coget sera placé dans l’endroit le plus apparent de la Mairie en souvenir de ses bienfaits.

Généralités

Louis Malle, le 5ème enfant de la famille Malle de Thumeries est bien sûr le plus connu. Sa réputation est devenue nationale d’abord, puis internationale de par son talent cinématographique.

Louis est né ici en 1932. Il a passé sa jeunesse à Thumeries dans le château construit par son grand père, Henri Béghin, à l’occasion du mariage de sa mère, Françoise Béghin avec Pierre Malle, officier de marine

Il n’a pas beaucoup fréquenté les jeunes thumerisiens de son âge puisqu’il était pensionnaire des jésuites à Lille d’abord, puis à Paris ensuite pendant l’occupation. Cet enfant, décrit par les membres du personnel comme un enfant espiègle et original, a construit son avenir en se détachant de la carrière que lui promettaient ses origines. Il aurait pu être promis à une belle carrière industrielle mais admis à 19 ans à la fois à Sciences-Po et à l’IDHEC (institut des hautes études cinématographiques) il choisit le cinéma, se libérant ainsi de la tradition familiale.

Ses études

Pendant ses études cinématographiques il fait la rencontre du commandant Cousteau qui cherche un cinéaste pour réaliser son premier film « Le monde du silence ». Ce film obtient la palme d’or à Cannes en 1956.

Sa Carrière cinématographique

Louis Malle, à 24 ans, entre dans les célébrités. Coup sur coup il réalise 4 films en 4 ans, tous des succès : « ascenseur pour l’échafaud », « les Amants », « Zazie dans le métro », « vie privée ». Il dirige des vedettes notoires comme Jeanne Moreau, Maurice Ronet, Catherine Demongeot, Brigitte Bardot.

Il devient alors un réalisateur volontiers provocateur, ne craignant pas d’enfreindre certains tabous, au grand dam de sa pieuse mère. C’était un personnage libre qu’on ne peut enfermer ni dans un style, ni dans un type de cinéma. Il était capable de s’émouvoir en filmant le mouroir où intervenait Mère Térésa en Indes ou de dépeindre sans état d’âme l’atmosphère trouble de l’occupation à travers l’histoire d’un jeune collabo « Lacombe Lucien ».

Plus tard par contre il réalisera un autre film remarquable situé dans cette période « Au revoir les enfants », film récompensé par plusieurs césars. Dans cette œuvre un peu autobiographique il montre une certaine estime pour les prêtres, ses profs, qui avaient osé prendre des risques pour sauver des enfants juifs… Dans ce film il exprime des sentiments et des valeurs de courage, de dévouement, de générosité qui étaient vécus dans sa famille, et en particulier chez sa mère, Françoise Malle que tous les Thumerisiens qui l’ont connue, honorent.

Françoise Malle est décédée en 1982, son fils Louis en 1995.Louis s’est marié plusieurs fois. Il a eu trois enfants, Parmi eux, Justine s’est lancée à son tour dans le cinéma.

En 2013 elle propose une œuvre qui évoque, à mots couverts, la relation tendue avec un père célèbre et la difficulté de s’en émanciper.

C’est le lot de tous les adolescents de se construire et de s’émanciper en intégrant l’héritage familial.

Une longue carrière militaire

Né le 21 juillet 1888 à Englefontaine dans le Nord, Maurice Scache se lance dans la carrière militaire à 19 ans en prenant un engagement de 3 ans au 73° RI de Béthune (17/8/1907). Sorti sergent à la fin de cet engagement il reprend du service pour deux ans, ce qui nous amène à 1912. Retiré en 1912 à Carvin où son père est chef des contributions il épouse le 12 mai 1913 à Mons en Pévèle Eugénie Foucart. Il est alors employé des chemins de fer.

La guerre de 1914

C’est dans une section des chemins de fer qu’il est envoyé dès la mobilisation du 1er août 1914.
En 1915 il rejoint son régiment d’origine, le 73°RI. En 1916, le 14 août, il est cité à l’ordre de la brigade  :  » Le sergent Scache, grâce à son énergie, à son courage et à son calme, sous un bombardement violent qui à chaque instant bouleversait les emplacements de sa section, a réussi à se maintenir et à s’organiser.

1916 ce sont les batailles de Verdun et de la Somme, deux batailles qui lui vaudront plus tard deux médailles.

Après cette citation il est promu adjudant (12/8/1916) puis sous lieutenant de réserve.

En 1917 il est cité encore deux fois : le 13 août à l’ordre de la division :

Au printemps 1918 Ludendorff, nouveau général en chef des armées allemandes, lance son va-tout avant l’arrivée effective des américains. Devant une nouvelle attaque Maurice Scache obtient une nouvelle citation.

Mais quelques jours après ce fait de gloire il disparaît lors des combats de l’Aisne.

En fait il est capturé le 12/6/1918 et sera détenu en Allemagne jusqu’en janvier 1919.

Entre les deux guerres

Démobilisé quelques mois, il reprend rapidement du service, le 30 mai 1919 avec le grade de lieutenant d’active. Il va être affecté au 1er bataillon d’infanterie légère d’Afrique le 11 mars 1920. Il passera deux ans, en opération de maintien de l’ordre au Maroc.

De retour à Arras en 1922 puis à Lille au 43°RI il sera promu capitaine en 1930 à 42 ans. Il assure l’instruction des sous officiers. Il réside à Wambrechies.
Officier d’active il part dès le 3 septembre 1939 pour son second conflit avec l’Allemagne. En juin 40 il se trouve dans les Ardennes. Ici encore il est cité à l’ordre du régiment :

Malheureusement dépassé par les colonnes d’engins blindés ennemis il est capturé, les armes à la main le 15 juin 1940 à Villacerf (Aube) avec les membres de l’état major dont il avait pris spontanément le commandement. Il commence ainsi une seconde captivité. Il va être prisonnier à l’Oflag VIII F, matricule 2056 situé en Pologne.

Il sera libéré par les troupes soviétiques et arrivera en France le 12 juin 1945, cinq semaines après l’armistice. Il se retire alors en convalescence chez sa belle sœur, rue de l’halloteau à Thumeries. Il termine ainsi une carrière militaire longue de 38 ans, avec deux guerres, une campagne en Afrique, deux captivités. Outre les citations évoquées ci-dessus, il a reçu la croix de guerre de 1914, la médaille coloniale avec barrette « Maroc », et la légion d’honneur.

Une nouvelle carrière

Il aura rapidement l’occasion de mettre en œuvre son courage, sa fermeté et son esprit de service. Élu en 1947 au conseil municipal après deux ans de M Martin il sera désigné maire, premier maire depuis longtemps qui ne fut pas de la famille Béghin. Il exercera quatre mandats successifs, soit 24 ans d’un service civique prolongé.

Ce sont les mandats des Trente Glorieuses qui voient l’extension des activités industrielles et qui nécessitent des travaux d’agrandissement : classes supplémentaires aux deux écoles, puis construction d’une nouvelle école des filles (Paul Bert en 1956), aménagement successifs de l’école des garçons, ouverture du CEG dans les locaux de l’ancienne Mairie et finalement construction du CES.

Entre temps il a doté la commune d’une nouvelle mairie, installée dans la villa des roses avec la générosité de Mme veuve Joseph Béghin et d’une nouvelle place publique. Par ailleurs il promeut la vie associative et en particulier la fanfare « La concorde » et le corps de sapeurs pompiers…Il est bien sûr président des Anciens combattants de 14-18 et des anciens prisonniers de 39-45.

L’Homme

Je n’ai pas connu M Scache mais à travers documents et témoignages j’ai découvert une personnalité attachante.
Militaire de carrière il aurait pu devenir un homme sec, froid ou autoritaire. C’est bien le contraire qui se dégage des documents.

Certes c’est un homme particulièrement méticuleux et ordonné. Ses documents personnels sont conservés, classés, annotés d’une belle écriture ronde. Certes c’est un patriote et on le devine à travers les livres sur la grande guerre qu’il conservait mais aussi tel ou tel dossier confectionné avec des coupures de presse (un dossier sur Napoléon 1er par exemple) , ou la collection complète des devoirs qu’il a rédigé à l’école d’officiers, analyse d’armements, schémas tactiques, relevés topographiques, dissertations…

Son patriotisme s’exprime humainement dans ses discours ou ses allusions au conseil municipal, son attention au sort des soldats Thumerisiens d’Indochine puis d’Algérie.
C’est aussi un grand amateur de musique qui fit beaucoup pour l’amélioration de la société La concorde et son équipement. Les deux décorations musicales qu’il a obtenues lui tiennent à cœur et il les place dans le même dossier que ses récompenses militaires.

C’est un homme brillant mais surtout simple. Ainsi quand il est promu officier de la Légion d’honneur (1950) il contacte son « parrain » le lieutenant colonel Bétrancourt pour convenir d’une cérémonie presque privée : « La cérémonie aurait lieu à la maison. Nous serions heureux que Madame Bétrancourt puisse t’accompagner… Ce serait une manifestation simple et toute familiale qui aurait, à nos yeux, plus de valeur que la remise des décorations au cours d’une prise d’armes » (8 mai 1950).

C’est un homme brillant mais surtout simple. Ainsi quand il est promu officier de la Légion d’honneur (1950) il contacte son « parrain » le lieutenant colonel Bétrancourt pour convenir d’une cérémonie presque privée : « La cérémonie aurait lieu à la maison. Nous serions heureux que Madame Bétrancourt puisse t’accompagner… Ce serait une manifestation simple et toute familiale qui aurait, à nos yeux, plus de valeur que la remise des décorations au cours d’une prise d’armes » (8 mai 1950).

Hommages

Un tel homme méritait bien quelques hommages.

24 ans au service de la commune après 36 ans de service militaire, cela fait 60 ans au service de la communauté, Cela mérite bien quelques témoignages de reconnaissance.

En 1972 il recevait la médaille de vermeil du mérite départemental pour ses 24 années de mandat.

Décédé en 1978 à l’âge de 90 ans il reçut de nouveau l’hommage la population et de son maire, m Lagache rappelant : « qu’il était un homme simple, cordial et bon, humain dans ses idées, large dans la compréhension des choses du monde, accueillant chacun avec les mêmes égards, la même sollicitude »

Le 11 novembre la place publique qu’il avait obtenu laborieusement prenait son nom. Quand en 1990 elle prit le nom de Charles De Gaulle libérateur de la France et fondateur de la V° république, la municipalité ne voulut pas oublier ou mettre à l’écart Maurice Scache. C’est pourquoi son nom est désormais donné au square de la mairie , appellation bien justifiée puisqu’il a dirigé l’équipe municipale pendant 24 ans, le plus long mandat de maire dans l’histoire de Thumeries depuis Alexandre Coget (1820-1844).

Un Thumerisien promis à une belle carrière

Patrick Descamps est né à Thumeries en 1922. C’est un fils de famille : Son grand père maternel n’est autre que Joseph Béghin, Maire de Thumeries et industriel renommé qui a appelé près de lui et donné des responsabilités dans l’industrie à Claude Descamps l’époux de sa fille Jenny. Patrick fait de brillantes études puisqu’il est licencié es sciences. Ce jeune homme est sans doute promis à un bel avenir et en est conscient puisqu’il écrit dans une lettre du 24 mai 1944 , trois mois jour pour jour avant son décès :

« Je crois si Dieu me prête vie être destiné à exercer un commandement, des ouvriers sans doute, des hommes en tous cas. Je demanderai alors à Dieu de ne jamais me laisser oublier que pour être un vrai chef il faut aimer, il faut être juste il faut être fort. Quand on a décidé quelque chose, y croire et le vouloir »

Un Patriote engagé

Ce jeune homme qui aurait pu se servir des relations de sa famille ou de son âge (17 ans au début du conflit) pour rester à l’abri a décidé de servir la France.
Plus encore, passé dans les troupes de la France libre, il refuse malgré ses diplômes de faire l’école des officiers. C’est disait M Thiriez en 1955 pour « être sûr d’être de l’armée de libération »

Dans une lettre à ses parents, datée de juillet 1943 il exprime son engagement : « Vous savez que ce que je fais aujourd’hui je l’ai décidé par moi-même avec toute la conviction nécessaire à un tel acte. Je le fais parce que je crois en mon pays comme je n’ai jamais cessé de croire, parce que je crois qu’aujourd’hui, mon pays a besoin de moi comme j’aurai toujours besoin de lui et parce que je sais que c’est sous son drapeau et avec ses armes que je dois le servir »

L’épreuve, le danger le font revenir sur lui même et exprimer ce qu’il a reçu de sa famille dans ce domaine : « ainsi à 22 ans après quelques mois d’une vie toute nouvelle et à la veille de circonstances qui auront sur le monde un retentissement énorme, je me retourne sur moi-même et j’y trouve avant tout autre chose , la Foi ». (Huggate, 14 mai 44) ou encore dans son testament : « A tous, je vous dis au revoir et je vous quitte sans regret car je crois en Dieu »

Ce jeune plein d’enthousiasme participe à la libération de la France . Il est caporal, chef d’un char léger au 301ème régiment de char de combat dans la division Leclerc. Cette unité est célèbre pour sa participation à la libération de Paris le 25 août 1944.

Mais c’est justement la veille de cette entrée glorieuse que Patrick Descamps tombera glorieusement à l’ennemi à Savigny sur Orge, après avoir détruit un des derniers anti-chars allemands qui barrait la route de Paris.

Cet acte lui valut à tire posthume une citation à l’ordre du corps d’armée.

« je ne veux ni fleurs ni couronnes car j’aimerai mourir sous l’uniforme de la France » (testament)

A la lecture de ces quelques documents on devine une personnalité remarquable, des convictions, un profond engagement.

Habitants de la cité Patrick Descamps et Thumerisiens soyons fiers de cet homme tout en dénonçant la guerre qui imposa tant de souffrances et exigea un tel sacrifice.

Le conseil municipal de Thumeries, dans sa délibération du 23 septembre 2005, a décidé de donner à la salle de sports attenante au CES, le nom de  » salle de sports Pierre Legrain « . Le samedi 18 février 2006, M Armand Masquelez, maire de Thumeries, présida la cérémonie officielle en dévoilant une plaque commémorative, en présence de nombreuses personnalités sportives régionales ou nationales, d’anciens athlètes de l’Etoile d’Oignies et de membres de la famille de Pierre.

Qui est Pierre Legrain

Pierre est né à La Neuville, commune voisine de Thumeries, le 18 février 1920. Sa maman était couturière et son papa menuisier. En compagnie de son père il a découvert les plaisirs de la nature, de la chasse, de la ballade dans les bois tout proches.

Un sportif précoce et volontaire

Très jeune, il n’avait que 9 ans, il entre à l’avant-garde de Thumeries. Il y pratique le football avec Persy Wigley mais aussi la gymnastique et l’athlétisme sous la direction de Jean Baptiste Facq, moniteur chef.

De 1929 à 1939 chaque année, dans sa catégorie d’âge, il se classe premier dans une sorte de décathlon qu’on appelait alors le concours du meilleur athlète complet. Il s’entraînait après le travail, en sortant de l’usine où il avait été embauché à 14 ans.

Une anecdote montre bien sa volonté : En juin 1944 ayant obtenu le titre de champion de Flandres du marteau il est qualifié pour le championnat de France à Paris. La gare de Douai ayant subi des bombardements les trains furent supprimés. Qu’à cela ne tienne, Legrain se rendit à Paris à vélo. Après un tel effort il fut vice champion de France et revint dans le Nord en s’accrochant une partie de la route à des camions de la Wehrmacht en retraite !

Un résistant

Revenons un peu en arrière. En 1939 il s’engage, il est fait prisonnier comme beaucoup d’autres en 1940, mais quand son détachement traverse la forêt de Phalempin qu’il connaît si bien, il en profite pour s’évader. Réfractaire au STO il finit par devoir se cacher de plus en plus. Il rejoint le groupe de résistants  » la voix du Nord «  avec comme capitaine, Cornette, un autre ancien de l’AGT.

Pour un article sur la libération de Thumeries j’ai interviewé Pierre Legrain. Les missions auxquelles il avait participé étaient ponctuelles : sabotage de lignes téléphoniques, plastiquage de la voix ferrée à Orchies, tentative de destruction de la rampe de V1 dans le bois de Phalempin qu’il connaissait si bien.

Le 3 septembre 1944 il partit avec quelques camarades vers Tourmignies avec comme seule arme une carabine. Ils furent accrochés par une batterie allemande au Croquet. Plusieurs camarades furent tués ou blessés et Pierre dut se cacher dans les champs de betteraves. Quand les allemands se remirent en route il fit la rencontre d’un détachement de chars anglais à qui il montra la route pour retrouver les allemands. Il fut particulièrement impressionné par la puissance de feu des chars. Son action se termina en ramenant à Thumeries avec d’autres FFI les allemands qui s’étaient rendus. C’est dans ce contexte militaire qu’il prit connaissance du recrutement que faisait le bataillon de Joinville.

Un athlète de valeur internationale

Il entre donc au bataillon de Joinville et obtient en juillet 1946, le diplôme de maître d’éducation physique. Il termine 2ème sur 600 candidats.
C’est en 1948 qu’il obtient son premier titre de champion de France au lancer du marteau. Il le sera 5 fois en participant à 19 championnats. Son palmarès est éloquent : 43 sélections en équipe de France. Il fut sélectionné pour les jeux olympiques de Londres et d’Helsinki.

Un entraîneur remarquable

Pierre Legrain fut aussi un entraîneur remarquable. Il exerça dans deux clubs, l’étoile d’Oignies d’abord et l’athlétic club de Douai ensuite. Il fit de Oignies le premier club de Flandres. Il découvrit, initia et perfectionna nombres de grands champions. Le plus célèbre est Guy Drut qui obtint à Montréal la médaille d’or olympique du 110 mètres haies.

Dans un âge plus avancé Pierre s’est même mis au vélo donnant ses judicieux conseils aux membres du vélo club de Wasquehal et participant avec son ami Stablinski à nombres de courses de  » gentlemen « .

Il laisse comme disait Robert Bobin qui fut président de la fédération le souvenir d’un découvreur de talents, d’un initiateur toujours à la recherche du geste précis, d’un technicien de haut niveau optimisant les performances individuelles de ses athlètes, d’un optimisateur capable d’insuffler un mental à toute épreuve à ceux qu’il dirigeait  »

Thumeries où il a passé sa jeunesse et où il s’était installé finalement se devait de rendre hommage à ce grand personnage du monde sportif disparu en juillet 2005.

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